A l'Autre...
Pour toutes les amantes de l'ombre...
Et pour les amants indécis...
Lettre à….
Lettre à celle qui fut …
Un jour, Madame, vous fûtes sa femme.
Un jour, Madame, vous avez partagé sa vie…
Un jour, Madame, alors que la vie s’ouvrait devant votre jeunesse à tous les deux, à votre soif de vivre, à votre devenir, vous avez été sa compagne…
Que s’est-il passé ? Il ne m’appartient pas de le savoir, c’est votre histoire, pas la mienne, mais un jour… vous vous êtes séparés et…
Depuis vous ne désarmez pas.
Comme un enfant qui préfère briser son jouet, plutôt que de le prêter, votre hargne, votre possessivité, votre jalousie, vous poussent à tenter de le briser, encore et encore.
Vous êtes malheureuse, je le sais, mais votre orgueil vous tient lieu de viatique. Vos intérêts financiers en commun, votre fille, votre petite fille, tout ce que vous croyez encore partager avec lui vous tient debout. Certes, votre séparation lui a rendu la seule chose qui vous importait peut, sa liberté d’aimer. Il vous semble que vous régissez encore sa vie, et, par certains côtés, cela parait vraisemblable… mais il vous est étranger.
C’est vrai, que, comme tous les hommes, il a du mal à couper les ponts… (le travail, sa fille, les biens…) mais combien vous lui êtes étrangère. Il supporte, il subit, par lâcheté - un peu, par faiblesse - certainement, pour avoir la paix et la sérénité - sans doute…
Mygale dissimulée au centre de sa toile, vous attendez que l’âge aidant, la santé déclinant, les envies et les élans s’affaiblissant, il vous revienne au soir de la vie, et vous entretenez cette utopie… La fille que vous avez eue ensemble ne lui a pas pardonné ses écarts de conduite, car en ce sens il a terni l’image du père intègre et irréprochable, et avec le temps, son rêve secret est de vous réunir, afin de redonner l’image de la famille parfaite…
Comédia, comédia, comédia…
Pourquoi ne se révolte-t-il pas ?
Simplement parce qu’il a soigneusement cloisonné sa vie, et que, dans son monde reconstruit, il n’y a pas de place pour vous.
Dans son nouveau monde, il y a moi, de chair et de sang, de cœur et de corps, il y a moi, secrète, discrète, patiente… et j’ai la meilleure part.
Gardez vos rancœurs, vos rancunes, vos mesquineries et petites méchancetés.
Quand le temps nous réunit, pour un jour, une heure, une minute, pour une bulle d’éternité, ces moments partagés sont si plein de joie, si denses, si plein d’amour, que rien n’existe en dehors de nous.
Je vous plains, Madame, d’avoir méprisé ce bonheur : aimer un homme tel que lui et mériter son amour…
Je vous plains et je m’en fou…
Alors gardez ce qui fait votre raison de vivre, tout ce qui est matériel, tout ce bling-bling qui suffit à votre satisfaction mesquine, je me contenterai de l’aimer, malgré vous, et je serai celle qu’il aime tout simplement, par delà les contingences..
Vous ne savez pas que j’existe, les cloisons sont bien étanches, mais moi, je sais … et vraiment…j’ai la meilleure part.
Nos nuits sont pleines de soleil, nos jours sont lumineux, il n’y a pas d’ombre entre nous…
Alors…Madame… tant pis pour vous !