Incitation au voyage...
Incitation au voyage
L’air bruisse de nos voix voilées ;
Puis nos murmures, d’un bleu pâli, s’enlacent ;
J’ancre mes pensées au fond de tes pensées ;
Par l’azur, par delà la hantise des mots incompris,
Sur l’éther, nos paroles ondoient et portent des promesses.
Ces paroles immenses sont comme des bateaux
Vertigineux, aux parois inconnues et profondes
- Leurs pavillons arborent la couleur future
Ils fendent la marée creusée, les rumeurs des eaux grises ;
Vaguent jusqu’à toi, s’échouent contre ta rive,
Abordent enfin à tes mots et leur mousse suave te lèche.
Ces vaisseaux croisent au près, quêtent des univers naissants
Que je veux respirer avec toi, humer à satiété ;
Et nos mains hallucinées, brouillonnes,
Aux dessins insensés - arabesques affolées
Ne savent plus où donner de la paume,
Derniers explorateurs - en ce monde étroit
De terres nouvelles et de méandres désirés.
Calmons nos mains, mon ensauvagé,
Les fanaux brasillants qui bordent les rivages nous protègent,
Eclairent nos rêves à leur lueur.
Le fleuve n’a pas de source, ni d’estuaire ; pas de port ;
Rempli d’huiles apaisantes, il frémit au couchant,
S’empourpre aux marches du ciel ;
Il coule dans la nuit et va vers l’aube, confié à ta main.
Là, sur la coque rassurée, les flocons et le miel nous recouvrent,
Ensemencent nos ventres et nos bouches.
Les ombres sont rejetées à demain, ignorées.
Le voyage commence, éperdument.