Une journée spéciale.
UNE JOURNEE SPECIALE…
Après le dernier bilan de fin Juillet, l’espoir a fait place à l’angoisse. Rechute - Aplasie totale …
Depuis dix jours mon corps luttait contre le mal. Une lassitude sans nom prenait le dessus à mesure que mes ressources s’amenuisaient. La vie semblait s’effilocher… Pour la première fois depuis le début de cette maladie, depuis sept longs mois, j’ai eu peur, vraiment peur. Je ne sentais plus de ressort, plus de réserves. J’avais touché le fond. Sous morphine en permanence, la torpeur m’envahissait de plus en plus. J’émergeais de ce <sommeil> de moins en moins souvent, tenaillée par une douleur plus fulgurante que les autres. Je ne voulais pas me résigner, mais je n’avais plus la force de lutter. La paix… le calme… l’absence de souffrance… je le désirais de toute mon âme. Seuls les coups de téléphone très brefs de mon amour, de ma famille et de mes amis me rappelaient à la réalité. Et puis… le silence.
Quand j’ai ouvert les yeux, j’avais l’impression de vivre dans du coton. Tout était feutré : les bruits, la lumière, les sensations…
Simplement… je respirais !
Puis une douleur, encore une, me fit comprendre que je vivais. Le ballet des perfusions, transfusions, prises de sang, bref la cavalerie habituelle me rendit parfaitement conscience, avec cette différence, c’est que je me sentais sereine. L’angoisse avait disparu. Mon corps me faisait savoir à sa manière que la lutte reprenait. La fièvre avait baissé.
Le soleil entrait dans la chambre, le mistral s’acharnait sur les pins avoisinant, j’ai eu envie d’ouvrir la fenêtre, et sans y penser je me suis levée… pour retomber sur l’oreiller encore plus vite… Stupidité… Vas-y doucement… Commence par t’asseoir, là, respire… Maintenant glisse tes jambes au bord du lit… comme ça… la fenêtre est à deux mètres, tu peux y arriver… respire à fond, encore, encore. La tête te tourne un peu…,
Alors, attend. Là…. Maintenant … Maintenant tu te rends compte que tu n’y arriveras pas… Une grosse larme a glissé sur ma joue, lourde de toute mon impuissance, amère de toute ma faiblesse. Je me suis concentrée sur ma respiration pour que le calme s’installe, et je me suis endormie. Quand j’ai ouvert les yeux le soir tombait. Le téléphone sonnait et quand j’ai répondu c’était mon Doudou. Nous n’avons parlé que deux ou trois minutes, ma gorge n’en permettait pas plus, mais cette voix si chère, si douce m’a donné un grand bonheur. Elle me disait : <je suis là, je pense à toi, tiens bon, je te rappelle demain matin à l’heure du café pour saluer le jour qui naît>, et je me suis endormie paisiblement pour la première fois depuis de longs jours.
Depuis la vie a repris, petit à petit, tout doucement, chaque jour un peu plus palpable, plus <vivante>.
Et si fragile…
J’ai peur, j’espère, je craque, et de nouveau je lutte, mais cette faiblesse, cette impuissante m’oppressent…
Ecole de la patience où chaque seconde est importante, où chaque geste porte en lui un autre geste, un pas un autre pas.
Patience… Patience… Patience…
Si tu ne peux faire qu’un pas, n’en fais pas deux, mais savoure cette victoire. Apprends la joie de respirer, apprends la douceur du sommeil, réapprends LA VIE. Tous ces gestes que l’on fait sans y penser, réapprends leur valeur… Délectes-toi de la vie, tout simplement, et apprivoise le temps.
Dix jours, dix longs jours, une poussière d’éternité…
Et ce matin…. La nouvelle !!!
Je veux la partager avec Vous.
Aujourd’hui est une journée spéciale : JE SUIS ENTREE EN REMISSION.
J’aurai dans 15 jours l’évaluation finale, mais d’ores et déjà le radiothérapeute a confirmé la fin de mon traitement pour <mercredi>. Fin du cauchemar, je me sens comme un ballon captif, prête à prendre mon envol, prête à croquer la vie, prête à renaître et à me reconstruire.
La tumeur est désamorcée. Je saurai dans 15 jours quelles seront les vraies séquelles de cette épreuve.
Je me suis battue, entourée de plein d’amour et de tendresse, mais battue sans rien lâcher, seuls ces derniers dix jours m’ont fait baisser les bras. Sans doute que cette horreur a senti que tout mon corps la rejetait et elle a lancé ses dernières attaques….mais j’ai GAGNE : grâce aux médecins, aux équipes médicales et à l’amour de tous les miens, grâce à ma rage de vivre et surtout à mon amour de la vie.
Merci…
Merci à tous, amis connus ou inconnus qui par vos messages, vos commentaires, m’ont accompagnée et soutenue tout au long de ma route, que la Vie vous soit belle et douce, vous le méritez vraiment.
Je vous envoie tout plein d’Amour.
Je partagerai avec vous les joies de ma renaissance et mon amour pour la Vie.
A très vite.