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Le blog de nephret
Quelques poêmes, quelques réflexions, un peu journal intime et surtout partage des mots et des idées...

RUPTURE

Pierre, mon Chéri,

 

Depuis quelques semaines, je sens que, nous deux, ce n’est plus pareil.

Sans doute parce que je change et que je m’interroge.

Sans doute aussi parce que notre relation implose.

Ta vie professionnelle t’absorbe complètement, et ta vie « mondaine » est une véritable anarchie. J’ai l’impression que c’est une fuite en avant. Tu te disperses et tu ne prends plus le temps de te recentrer sur l’essentiel.

Pourquoi cette frénésie, ce mouvement incessant.

Tu sais combien tu as besoin de calme et de sérénité pour faire face à la pression et au stress que génère ta charge. Même dans le service nous ressentons ton malaise. Je n’arrive plus à te faire sourire, et nos rares moments d’intimité sont moins intenses.

J’ai vu Georgina, et elle me semble désespérée. Elle est venue me demander de te parler. Ton épouse compte sur la gamine que je suis pour tenter de savoir ce qui se passe. Je ne te ferai pas l’affront de te questionner.

Tu sais combien nous t’aimons, chacune à notre manière, elle, en grande bourgeoise indulgente et patiente (tu sais aussi que son admiration et son affection sont sincères) et moi avec la fougue de mes vingt ans, avec mon avidité et ma sensualité naissante. Tu joues de ton charisme et de ta virilité, mais sois prudent. Je sens que ton épouse est au bord de la rupture, avec tout ce que cela comporte pour toi de difficultés de tous genres. Elle est angoissée, et elle soupçonne une nouvelle aventure (une de plus) qui te déstabilise, ce qui, entre nous, est la vérité. Tu sais que je ne suis ni possessive, ni exclusive, surtout en ce qui te concerne. Le « grand patron » souverain a beaucoup trop d’opportunités pour que tu ne cèdes pas de temps à autre, seulement, cette fois, tu vas trop loin. Tu y perds ton énergie et ta joie de vivre. Les jeux limites S.M. auxquels  (elle) t’entraîne, te détruisent, dans la mesure où ils détruisent l’image noble que tu veux donner de toi.

Mon Pierre, mon pygmalion, je sais que tu as ta vie, que ma place est ailleurs et je l’ai su dès le départ. Je porte en moi l’empreinte de cet amour mais je n’exige rien de toi. Je t’attends, je ne pose pas de question, je reste seule, des jours, des semaines, et tu viens, tu emplis l’espace, tu me fais l’amour et tu repars. Tu me dis que tu m’aimes, et tu m’oublies. Ton épouse m’a acceptée parce qu’elle a compris que je ne suis pas un danger pour elle, parce que nous avons décidé de nous « partager » la lourde tâche de te rendre heureux.

Combien de fois m’a-t-elle appelée pour que je te rappelle une soirée, un dîner, une invitation. Combien de fois votre chauffeur m’a-t-il apporté tes habits de soirée.

Mais là, je ne veux plus jouer les maîtresses complaisantes et compréhensives. Tu me dis que tu ne peux vivre sans moi, c’est formidable de mauvaise foi, puisque tu baises ailleurs, à plein d’ailleurs sombres et glauques.

Et pourtant je sais que tu m’aimes. Seulement, j’ai grandi. Je me rends compte que ce n’est pas moi Sylvie, que tu aimes, mais la jeune femme inexpérimentée et soumise que tu as rencontrée il y a deux ans, et qui, maintenant ne t’intéresse plus autant parce que je suis plus femme, plus libre, plus indépendante, moins asservie à tes pulsions, moins petite fille effarouchée. Tu t’es lassé de moi parce que, inévitablement, j’ai changé.

Souviens-toi, tu m’as demandé combien de fois de prendre des initiatives, de t’étonner, d’être une femme libérée, et maintenant que j’ai pris conscience de ma féminité, tu es un peu déçu. Tu es toujours fier de m’exhiber à tes côtes, parce que cela flatte ton amour propre de mâle dominant, entre ta femme et ta maîtresse tu te sens exister, je te vois « frétiller d’aise » devant les regards envieux de certains de tes collègues, et je joue le jeux avec plaisir, comme je flirte avec Lenègre ou Schwartzie, parce que tu aimes les voir « bader » devant TA maîtresse. Tu sais que j’aime jouer ainsi avec toi, parce que tu sais aussi que je suis tienne, et que tu  aimes jouer avec le feu.

Tu ne sais pas à quel point je tiens de place dans ta vie, tu ne le sauras sans doute que le jour où je n’y serai plus.

Mais moi, je ne veux pas assister à la fin de notre amour, à l’amoindrissement de notre complicité, alors, Mon Chéri, je pars.

Je choisis de partir pendant que je t’aime encore, je choisis de sortir de ta vie avant les regrets, avants les déchirements, avant l’amertume.

Parce que partir est un acte de survie.

Je n’attendrai plus les mensonges, les excuses, les non-dits. Je suis libérée de mes chaînes et tu n’as rien vu. Je ne veux pas te regarder avec commisération après avoir eu le regard de Juliette.

Merci de m’avoir donné de ton temps, merci de m’avoir façonnée et de m’avoir « appris » une forme de féminité. Je vais encore grandir, mais seule.

Je vais recoller les morceaux de mon cœur, et les briques de ma vie, sans Toi.

J’ai remis les clés du studio à ton chauffeur, je n’y retournerai plus.

J’ai demandé ma mutation, Schwarzie l’a appuyée, trop heureux de te jouer un mauvais tour, je pars dans deux semaines pour la Normandie.

Georgina est triste de me voir partir, je le suis aussi, elle me manquera. Ta femme est remarquable et digne, tu ne la mérites pas,  prends-en soin.

Tu as le pouvoir de savoir ce que je deviens, alors, s’il te plaît, n’en n’uses pas.

Laisse le silence protéger notre amour.

Je ne souhaite pas te revoir avant mon départ, j’ai peur de manquer de courage. Je te demande, au nom de notre amour, de respecter mon choix.

Je te souhaite tout le bonheur du monde.

Celle qui reste, à jamais

« Ta sale gamine »

 

Paris, ce 24 février....
Sylvie

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